stardust_79: Après l'excellente re-sortie de Blood (la version "Fresh Supply") tout bonnement excellente, cette nouvelle version de Shadowman me fait méchamment de l'oeil, d'autant plus que je n'ai jamais touché au jeu.
Ici Nightdive Studios n'a pas fait un simple remaster, ils ont retapé le moteur du jeu et comme le mentionne Zaephir-Moth, retouché aux contrôles pour les "moderniser".
Hop, je le mets en liste de souhaits pour le moment, mais il me tarde de découvrir ce vieux classique !
Crois-moi sur parole, il en vaut (vraiment) la peine, même comparé à tous les jeux passés et actuels du genre. Wax69 a raison : c'était une pépite à l'époque, l'un des tous meilleurs selon moi, et la jouabilité n'a pas vraiment vieilli. La principale différence, en terme de partis pris, réside dans l'absence d'automatisation (ou simplification) des actions (le concept du bouton d'actions contextuelles, très en vogue à présent), mais à part ça...
Il est intéressant de comparer
Shadow Man à la seule saga à succès dans sa catégorie (sur PC), à savoir
Tomb Raider, si ce n'est pour se rendre compte à quel point il était nettement plus abouti à (presque) tous les égards : le personnage, l'univers et tout ce qui en dérive en terme de folklore (largement inspiré par la culture voodoo), d'esthétique (sombre et parfois glauque, mais très aboutie, toujours riche en détails variés), de musique (si réussie qu'elle avait immédiatement donné lieu à un CD et que, plus de vingt ans après, je continue d'entendre occasionnellement des reprises dans le milieu de l'électro'), de conceptualisation des niveaux, actions à accomplir, objets (ou secrets) à dénicher, reposait entièrement sur l'adaptation réussie d'une série de
comics ouvertement pour adultes, très cohérente et bien construite, là où
Tomb Raider représentait beaucoup plus platement la simple répétition des Xème aventures d'une figure mono-dimensionnelle (la bimbo à fort caractère et 'avantageux avantages', fantasme pauvre du geek de l'époque).
D'un côté, une amazone évoluant de niveaux en niveaux qui, s'il étaient parfois certes bien pensés (proportions d'énigmes, d'acrobaties, de scènes d'action, etc.), n'en représentaient pas moins surtout le seul triomphe d'une évolution technologique en progrès constant.
Tomb Raider, en peu de mots, ce n'était rien de plus qu'une démonstration (de force) graphique matinée d'aventures exotiques, soit un équivalent vidéo-ludique de ce même positivisme que représentaient ces énormes ordinateurs occupant des pièces entières dans les débuts de la SF (avec plein de blip-blips, de lumières et d'étincelles pour renforcer l'impression de puissance ^^ !), soit en l'occurrence l'avènement d'une nouvelle jouabilité si révolutionnaire (pour l'époque), par sa seule existence (ou formule), répétée encore et encore - c'était la principale critique rapidement faite à la série -, que tous les autres éléments - construction des personnages, scénario et dialogues, bande son, etc. - pouvaient tenir sur un timbre poste sans que cela n'ait la moindre importance : Lara sautait, grimpait, plongeait, tirait sur de méchants anonymes ou actionnait des mécanismes millénaires en enclenchant un banal levier du bout de ses patounes manucurées et hop, voilà qui suffisait à constituer un jeu de plus ! Non pas que je sois réellement dur envers la série - la nostalgie jouera son rôle pour certains et je comprends aisément qu'elle ait pu être appréciée -, mais elle, en revanche et pour reprendre l'expression de TigrouJu plus haut, appartient résolument au passé... Y rejouer maintenant, franchement - et je me suis cogné le quatrième opus il y a peu -, requiert une certaine dose de patience (ou de masochisme). Qu'elle ait sa place dans un musée - ce qui n'est pas péjoratif en soi, bien au contraire ! Certains d'entre nous ont initialement ouvert un compte sur Gog précisément pour retrouver certains de ces bons vieux jeu d'une époque révolue... -, soit, mais trouver mieux (en tous points) parait facile, ne serait-ce que dans les derniers opus en date de la série...
De l'autre, un personnage avec des préoccupations beaucoup plus matures - je regrette d'ailleurs que Nighdive (ou Gog) ne se soit pas donné la peine, pour l'instant, d'adjoindre le manuel correspondant, même juste celui de l'époque, lequel était truffé d'informations sur les protagonistes, la série de
comics et son univers... -, évoluant au sein d'un drame bien écrit (pour du jeu vidéo) et surtout d'une réalisation particulièrement aboutie d'un bout à l'autre... Pas de succession de niveaux ici, mais un seul univers - on appellerait ça "monde ouvert" à présent - constitué de zones (de chargement) interconnectées dès le début... et évidemment pas toujours accessibles (ou complètement explorables) en fonction de différents critères à satisfaire (objets à récupérer, etc.). Une expérience de liberté très plaisante - une carte, en vue d'artiste, était fournie à l'époque -, ajoutée à des mécanismes qui incitaient à l'exploration (et aux ré-explorations successives) afin de débloquer divers secrets ou améliorer le personnage, et surtout l'intégration réussie de la mort de ce dernier comme concept de jeu : le Shadow Man, par définition, étant immortel... Tué, dans le monde des vivants, et il ne fait que retourner dans le monde des morts - puis, d'une simple pression de bouton, peut regagner le monde des vivants ^^ - ; tué dans celui des morts, et il retourne juste dans une zone (centrale) de triage aux portes de celui-ci. Beaucoup de titres ont essayé d'intégrer ce concept ; peu y sont parvenus de façon vraiment satisfaisante... D'autant qu'une kyrielle de petits détails viennent renforcer le concerné : outre une apparence différente et des pouvoirs particuliers, valables uniquement dans l'un ou l'autre monde, le Shadow Man doit se soucier de la hauteur de ses chutes ou bien de sa respiration sous l'eau dans celui des vivants par exemple - et rudement vite d'ailleurs ! -, mais évidemment pas dans celui des morts... Les armes qu'il peut trouver dans le premier consommeront des munitions ; pas celles présentes dans le deuxième, qui draineront une énergie perpétuellement renouvelable. Et ainsi de suite... Enfin, il est intéressant de noter que la variété des situations de jeu dépasse de loin les codes conventionnels : les développeurs n'ont pas hésité à oser opposer des zones d'action intense à d'autres plus propices à l'appréciation d'une atmosphère donnée (avec son lot de
jump scares et p'tites surprises soudaines), mais surtout d'autres totalement dépourvues d'ennemis et elles-mêmes subdivisées ensuite entre passages acrobatiques (classiques), recherches d'objets et résolutions d'énigmes, mais aussi simples déambulations d'un lieu à l'autre, dans une rame de métro désaffectée, un égout ou un immeuble en ruine, que ce soit sans objectif aucun - et en se demandant un peu ce que l'on fiche là ^^ - ou traquant au contraire un adversaire qui ne cesse de provoquer le personnage principal depuis un recoin inaccessible de son antre.. Le contraste des différentes situations proposées contribuait vraiment à une expérience de jeu riche, pas réellement novatrice -
Shadow Man n'invente pas grand chose - mais extrêmement aboutie en tous points, sans exception. Mention spéciale pour les dialogues, plusieurs dizaines de milliers de lignes écrites de bonne facture au bas mot - certains RPG ou jeux d'aventures atteignent aisément les centaines de milliers, mais eux reposent principalement sur elles -, que nombre de joueurs n'auront probablement pas cherché à découvrir puisqu'elles impliquent le retour (volontaire) régulier vers l'un des deux personnages en cheville avec le Shadow Man afin de lui demander conseil tout au long de son périple... Il semble d'ailleurs - et ce serait le seul bémol notable de cette version -, pour ce dont j'ai pu me rendre compte pour l'instant, que le menu qui permettait à tout moment de les ré-écouter, une par une, ait été supprimé. Peut-être du fait de l'intégration des parties tronquées, la mise à jour du moteur graphique ou de l'interface...
Je ne peux en tout cas que vivement recommander cette édition à tous ! Que l'on y ait déjà joué ou non, c'est une expérience très aboutie, accessible - même pour ceux qui n'apprécient pas la difficulté inhérente aux jeux qui incorporent un peu d'action. Mais ici, l'immortalité offre certains avantages ^^... - et prenante jusqu'à la fin...